VISION

VISION

Ce matin j’ai eu une vision au réveil.

Un film se déroulait sous mes yeux. Il m’a fait réfléchir. Imaginez-vous contre un mur, collé de face et de tout votre poids. Le mur est tantôt dur, tantôt doux, froid, chaud, humide, sec, rassurant, velouté, animé, coloré et vivant. Quand vous levez les yeux, un pâle soleil éclaire la pénombre ambiante. Vous entendez certains sons et pouvez discuter avec vos voisins, les regarder de biais en prenant soin de ne pas vous tordre le cou mais pour avancer, la marge de manœuvre est d’autant plus complexe que le mur est grand et épais. Les lois de l’attraction et de la gravité vous poussent vers ce mur ventouse « protecteur ». Et vous n’y êtes pas mal, au fond, vous vous y êtes habitué, certains l’ont même décoré avec des images de vacances ou des vidéos de magazines illustrant une vie rêvée, tant si bien que l’on s’y croirait. Votre regard croise parfois l’image d’une femme en maillot de bain ou d’un bel homme sur une moto, une bande sonore diffuse des conversations dites intéressantes sur l’actualité du moment et le tout est ponctué d’éclats de voix et de rires cristallins. En arrière-fond ça sent la garrigue, l’abricot et le basilic. L’endroit est familier, la vue n’est pas si moche, on s’y sent en sécurité et si ce n’est pas le nirvana, ce n’est pas non plus l’enfer et l’on y dort tranquille. Parfait. Mais si vous voulez connecter avec votre 7é sens il va falloir décoller du mur. Reculer d’un pas.

Le premier pas en arrière demande un effort considérable car il déstabilise le corps. Avancer serait beaucoup plus simple, d’ailleurs, c’est ce qu’on veut ; avancer, pas reculer. On ne voit pas derrière soi et puis cette sensation de vide et de déséquilibre est désagréable. Allez-vous réussir à reculer une jambe, votre corps, puis l’autre jambe, sans aucun repère ni idée de ce qui se passe dans votre dos, et retrouver l’équilibre sans mur pour vous soutenir ? Cela peut prendre une minute, une semaine, un an ou plus pour y arriver. Tout dépend de votre énergie vitale et de votre faculté à déchirer les voiles que vous avez construits. Pourtant, une fois cette peur affrontée, le premier pas en arrière achevé, vous apercevez sur le mur une porte et une fenêtre, vous découvrez un vrai soleil et un ciel au-dessus de votre tête. Vous entendez mieux les sons, vous respirez un air plus frais, il vous est soudain facile de bouger, de vous déplacer, de danser et surtout, vous constatez que vous tenez en équilibre et que la vie est beaucoup plus joyeuse comme ça. Vous réalisez qu’une force vive habite chaque cellule de votre corps, mais aussi celles du mur et de la fenêtre, des arbres et du vent, et qu’il suffisait de bouger un peu pour réveiller cette extraordinaire énergie.

Il s’agit donc de créer un mouvement. S’offrir le luxe de reculer. Tout ce qui est répété en boucle devient un programme. L’acte de se détacher du mur, jour après jour, enfante l’espace essentiel au changement. Une nouvelle liberté s’installe. Quand vous allez voir un thérapeute et qu'il fait bouger les lignes, équilibre votre état vibratoire, comment vous rendez-vous compte du résultat obtenu si ce n'est par l'action ? C’est à la lumière des nouvelles expériences que l'on se rend compte de nos progrès intérieurs, de la fraîcheur de nos émotions, du regard neuf que nous portons sur les choses, sur les êtres, de la façon inédite que nous avons de réagir aux événements, à la pression. Sans action de notre part, nous ne pourrions pas mesurer les effets positifs du mouvement.